Re-figurer des gestes est issu d’une rencontre sensible et intellectuelle entre deux chercheuses qui se risquent à un geste sans bord. Une idée d’origine. Jouer ensemble à l’élaboration d’un lexique basé, d’abord, sur la description d’une œuvre rendue ainsi disponible par l’écoute et, ensuite, de son analyse à partir d’un concept; agencer ou non nos représentations de l’art, de la théorie et de notre démarche de recherche; voir si nos échanges suscitent un déplacement dans le va-et-vient de nos espaces réflexifs. Un point de départ. À quelles œuvres pensons-nous avec cette idée d’une expérience du sans bord ? Quels sont les concepts centraux dans chacune de nos recherches qui résonnent également ? Comment la construction même de ces concepts peut, d’une part, contribuer à renouveler l’analyse de pratiques et, d’autre part, créer des ambiguïtés de sens heuristiques ou non ? Un terrain de jeu. Six concepts non négociés entre nous : écoute déplacée, cocréation, présence, mieux-être / guérison, espace et intervention. Un processus. À intervalle régulier, nous explorons chacune un concept en lui associant une œuvre, une réflexion sur ses définitions et contours, de même que sur notre rapport intellectuel et méthodologique à celui-ci. Puis, l’autre s’empare du concept et ouvre une discussion. Des objectifs. Se présenter des œuvres et des concepts qui perturbent notre regard usuel sur le monde et sur la pratique artistique et son analyse; adopter un regard réflexif nourri par l’autre sur nos habitus théorique et méthodologique; prendre le risque d’entrer dans un dialogue dont on ne sait ce dont il va en résulter. Le résultat. Six balados et un document écrit qui reprend les textes lus, mais également quelques échanges en correspondance sur ceux-ci, de même que des images et des liens internet qui permettent aux spectateur.trice.s de sortir de notre récit, pour voir / entendre / lire l’œuvre en elle-même.
Bertha Díaz (Guayaquil, Équateur, 1983) est chercheuse indépendante en arts vivants. Ses projets explorent les relations entre corps-pensée-écriture. Elle est coéditrice de la revue Sycorax (http://proyectosycorax.com/) et codirectrice, avec l’artiste Andrés Santos, du collectif théâtral RodezAlhampa, un espace interdisciplinaire qui travaille le geste en tant que pensée et, à l’inverse, en mises en scène, l’exploration de pédagogies expérimentales et la production d’une pensée théorique inscrite dans la pratique créatrice. Elle a participé, en tant que curatrice et guide, à des laboratoires expérimentaux d’écriture et de critique dans des espaces et des festivals d’arts vivants en Équateur, à Cuba, au Mexique, en Colombie, au Panama et en Espagne. Elle est coéditrice de la Cartographie de la danse moderne et contemporaine d’Équateur (deux tomes, El Apuntador, 2015).
Ève Lamoureux (Montréal, Québec, 1976) est professeure au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches se concentrent sur trois principaux enjeux : l’art engagé, les arts communautaires et la médiation culturelle. Elle est membre du Centre de recherches Cultures – Arts – Sociétés (CELAT). Elle est notamment l’auteure d’Art et politique. Nouvelles formes d’engagement artistique au Québec (2009); de même que coéditrice : avec Julie Paquette et Emmanuelle Sirois, Arts, entre libertés et scandales. Étude de cas, avec F. Saillant, InterReconnaissance. La mémoire des droits dans le milieu communautaire au Québec (2018), avec M. Uhl, Le vivre-ensemble à l’épreuve des pratiques culturelles et artistiques contemporaines (2018), avec N. Casemajor, M. Dubé et J.-M. Lafortune, Expériences critiques de la médiation culturelle (2017).