En août 2019, l’équipe composée de Andrée-Anne Giguère, François Harvey, Jean-Paul Quéinnec et Pierre Tremblay-Thériault se rendait à Puerto Nariño, un village de pêcheurs TICOYA de l’Amazonas, en Colombie. Durant ce séjour, accompagnés par la communauté et au gré d’une errance volontaire de nuit comme de jour dans cet environnement, ils ont capté du son, des images et des photos et se sont infiltrés dans certaines activités du village. Avec certains membres de la communauté, ils ont aussi partagé un moment d’atelier qui s’est conclu par une performance sur la place publique.
Tycoya Feria repose sur le geste du phonographiste, qui consiste à s’immerger dans un environnement pour vivre des actions d’écoute menant à des enregistrements sonores, visuels, textuels, 3D et, bien sûr, corporels. Ce sont uniquement ces matériaux mémoriels qui inspirent la composition de notre écriture artistique. Celle-ci est généralement dispersive et sans bord pour laisser place à une plus grande instabilité des ressentis et des relations entre les spectateurs et l’œuvre. Ainsi, nous souhaitons que Tycoya Feria soit autant l’écho de notre aventure amazonienne que des moments où le spectateur pourra faire résonner une sensibilité écologique à la fabrication d’une dramaturgie intermédiale.
Feria signifie la fête, la foire, mais aussi les grands marchés où sont exposés des objets divers (de la nourriture aux objets électroniques, lumineux ou plus précieux), des marchés vastes, colorés et toujours très sonores. Pour Radio Geste(s) sans bord, nous vous proposons une série de quatre balados qui témoignent de notre dernière phonographie amazonienne : Tycoya Obscura, Tycoya Song, Tycoya Temps et Tycoya Silence.
La Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre est implantée à l’Université du Québec à Chicoutimi depuis 2010 et est dirigée par Jean-Paul Quéinnec. Notre approche sonore dicte nos axes de travail. En nous appuyant sur le son comme agent de changement, nous défaisons les principes hiérarchiques et logocentriques d’une dramaturgie théâtrale traditionnelle pour préférer des processus performatifs, in situ et collaboratifs, poussant la scène actuelle à assumer un rôle d’intermédiation. La Chaire travaille avec des artistes, des professionnels de recherche, des étudiants ainsi que des chercheurs universitaires et présente ses projets au Québec et à l’international. Notre programme en recherche-création repose sur deux notions potentiellement complémentaires : le dispositif et la mobilité. Nous plaçons la notion de dispositif sonore au centre d’une nouvelle conception de la mise en scène au théâtre. Nous situons la dramaturgie sonore dans le théâtre performatif qui s’appuie sur le tournant « spatial » en art pour favoriser sa mobilité technologique, esthétique et discursive.
Évoluant en arts visuels, Magali Baribeau-Marchand vit à Saguenay et mène présentement ses recherches à la Maîtrise en art de l’UQAC. Par une pratique installative de l’objet qui explore les notions de processus et de rituel, elle s’intéresse à dévoiler la fragilité des relations et l’infra-ordinaire du quotidien.
Artiste interdisciplinaire, Andrée-Anne Giguère est étudiante au doctorat (Université Laval) et professionnelle de recherche pour la CRC en dramaturgie sonore au théâtre (depuis 2010). Elle a une pratique active de comédienne, de performeuse, de conceptrice vidéo pour la scène et de metteuse en scène.
Né en 1979 à Chicoutimi, François Harvey est un musicien cinéaste issu de la scène underground québécoise. Sa démarche cinématographique se situe aux frontières du cinéma direct et du cinéma expérimental. Il est actif dans le milieu du cinéma indépendant, travaille avec la Chaire de recherche en dramaturgie sonore de l’UQAC et enseigne la conception sonore pour le programme Art et technologie des médias du Cégep de Jonquière. Il réalise plusieurs essais et films expérimentaux sous la bannière Post Grunge Productions.
Jean-Paul Quéinnec est professeur de théâtre à l’UQAC et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre, sa recherche-création interroge les processus et dispositifs d’écritures dramatiques et scéniques à partir d’une pratique plurielle et performative. Membre régulier du CELAT, il est également codirecteur de la revue L’Annuaire théâtral. Il a organisé différents colloques internationaux, dont Les mobilités du processus de création (2018).
Artiste professionnel, consultant technologique en art, maître en art visuel et professionnel de recherche universitaire, Pierre Tremblay-Thériault s’intéresse à la création et à la recherche dans les domaines des arts visuels, sonores, scéniques et numériques. Sa spécialité, les arts numériques, fait de lui un professionnel aux qualités multiples mariant l’ingénierie logicielle et électronique à l’expression artistique.