L’exposé se veut un compte-rendu du processus de création du spectacle L’effondrement, assemblée générale extraordinaire du bureau de l’APA, qui est actuellement en mode pause en raison d’aléas de la vie. Ce projet spectaculaire n’est qu’une des stratégies de création multiples convoquées pour parler de corps en chute, de dérives sociétales, de cadrage physique et conceptuel, d’indéfinition de l’attente, de débordement actionnel, de lignes de marée, de limites de vitesse… Chacune des stratégies de création (livre, expo, performance, réalité virtuelle et maintenant balado…) traîne avec elle ses bordures, ses limites, ses frontières. Notre univers se quadrille, nous avons donc plus de chance de déborder et de faire des accidents… donc, de commettre des gestes artistiques.

Il s’agit de porter une attention particulière sur les tensions engendrées par cette question des bordures, sur le fait que l’idée d’un « sans bord » relève d’une utopie créative où le magma-matière s’affranchit de toute idée de cadre… Il s’agirait peut-être plus de multiplier les cadres afin de s’affranchir des limites. Les rives sont nécessaires à la dérive. Les frontières de l’expérience sont tracées par les attentes formelles d’une discipline, d’un genre qu’il soit spectaculaire ou académique. Les bords n’enferment pas toujours. Ils permettent aussi de sauter en bas. Plutôt que de rêver à un « sans bord » flou, blanc et infini il peut être plus réjouissant de franchir des lignes et de se permettre de marcher au bord du monde… surtout à la veille de l’effondrement.

L’herbe est toujours plus verte de l’autre bord, chez le voisin. Parce que de l’autre bord, il y a toujours un bord.