Catégories
création
conception sonore et prise de sons
Marie Lavorel
voix et texte
Magali Uhl
Le quartier de False Creek Flats, à Vancouver, tout en préservant son héritage et son esthétique industrielle, est aujourd’hui désigné par le plan d’urbanisation de la Ville de Vancouver comme le nouveau « high-tech district », là où devront se rencontrer culture et science, art et technologie. Bras de mer jusqu’à la fin du 19e siècle, asséché et arasé au début du 20e siècle pour accueillir le transit ferroviaire et devenir un secteur industriel dans une cité en pleine expansion, cette zone péricentrale est devenue, en un siècle, un laboratoire urbain pour la Ville de Vancouver qui vise à y déployer, d’ici 2037, sa vision d’une cité « intelligente », « créative », « verte » et « résiliente ». Entre un passé oublié où l’eau était omniprésente, un présent en chantier de construction et un futur fantasmé sur fond de green branding institutionnel, c’est une histoire de fabrication urbaine qui fait coexister différentes narrations d’un territoire en mouvement. Au travers de multiples marches, accompagnées d’un appareil photo pour Magali et d’un enregistreur pour Marie, nous y avons déplié notre propre récit alternatif. Nous vous invitons aujourd’hui à écouter notre conversation entre sociologie visuelle et explorations créatives. Ensemble, nous avons regardé et écouté ce terrain qui déploie de multiples couches sensorielles et temporelles. Au cours de cette conversation, nous reviendrons sur la dimension méthodologique développée par Magali Uhl et sur l’approche de Marie Lavorel en recherche-création. Nous aborderons nos marches sensibles sur le terrain et les imaginaires qui s’y sont déployés et qui prendront forme, notamment dans un projet d’installation multimédia. En somme, nous discuterons des bruits qui, ensemble, faits et à faire, interrogent ceux à venir.
Marie Lavorel est titulaire d’un doctorat en muséologie, médiation, patrimoine de l’UQAM et en Sciences de l’information et de la communication de l’Université d’Avignon. Ses recherches transdisciplinaires portent sur les écritures médiatiques des mémoires sensibles, l’art contemporain, les dispositifs interactifs, la danse contemporaine et la notion de temps en sciences humaines et en art. Elle porte aussi son attention sur des formes numériques et interactives de médiatisation du savoir qui visent à renouveler nos manières d’écouter et participe à des projets d’humanités numériques en histoire oral (https://livingarchivesvivantes.org/) et en art de la scène (Sit). Chercheuse associée au CELAT et au COHDS, elle travaille actuellement à plusieurs projets de recherche-création où l’écoute, les temporalités multiples et l’imaginaire sont au centre d’une réflexion sur nos façons d’écouter l’Autre, d’habiter la ville et de tisser des liens (« Quels bruits ferons-nous? », « Histoires tissées »). Elle est par ailleurs commissaire d’exposition et chargée de cours (UQAM).
Magali Uhl est professeure titulaire au Département de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et membre chercheuse du CELAT. Ses recherches visent à cerner les transformations des sociétés par le prisme de la culture et de l’art contemporain. Partant des œuvres et des pratiques actuelles, elle développe des problématiques liées à la subjectivation, à la mémoire et au corps en analysant leurs mutations et leurs effets sur la société, et plus spécifiquement sur la ville et ses espaces d’expérience. Responsable du GT02 de l’AISLF, « Études et méthodes visuelles », le rôle des images dans la connaissance du social et l’approche prospective sont au centre de sa plus récente production qui articule recherche et création.