Comment le dialogue entre art, société et technologie intégré à la recherche-création peut-il produire de nouvelles façons d’appréhender la réalité?
En questionnant les enjeux inhérents aux thèmes qu’elle évoque, l’artiste-chercheuse Sylvie Lapierre, dans le cadre d’un cours de Carole Nadeau au 2e cycle de l’Université LAVAL, élabore des stratégies permettant de construire et d’explorer un espace immersif, dans une mise en dialogue entre sa pratique artistique, une réalité sociale et l’apprentissage de nouvelles technologies. Ce premier laboratoire suppose l’interaction de plusieurs couches d’écriture sans bord explorant la mise à l’œuvre d’un réseau de potentialités s’inscrivant tant sur des niveaux intelligibles que sensoriels. Témoignages et matériaux s’y entrecroisent, jouent des échelles et des enveloppements, creusant un espace sensible sur les notions de territoire, de migration et de dépossession où le concept de résonance, tel qu’élaboré par Rosa Harmut, est exploré.
Le jour où j’ai perdu mes murs
Cette version balado, imprévue dans le parcours doctoral initial, devenue deuxième laboratoire, a provoqué une mise à nu du projet immersif pour mieux en scruter les éléments essentiels d’une part et pour permettre une appropriation « technique » pour la chercheuse d’autre part.
En fait, cette version a ouvert la potentialité de l’évocation et permis l’exploration d’une mise en espace de simples échos sonores, débris flottants qui sondent ces notions de perte, de déplacements, de dépossession. Résonances, effritements, perte de repères, du balado émerge la sensation plutôt que la narration, en force le questionnement.
Cette expérience sonore fait partie du projet doctoral Regard sur le rapport dialogique entre art, corps, territoire et technologies immersives de Sylvie Lapierre. Elle est suivie d’un court échange entre Carole Nadeau et Sylvie Lapierre sur les processus, les enjeux ainsi que les réflexions que la recherche-création suscite.
Sylvie Lapierre et Carole Nadeau
Carole Nadeau a conçu, écrit et mis en scène une quinzaine de créations au sein de la compagnie Le Pont Bridge. À la jonction des arts visuels, scéniques et numériques, elle s’intéresse au perceptif à travers l’interrelation entre corps, texte, espace, image et son. Elle a été lauréate du prix John-Hirsch du Conseil des arts du Canada, remis tous les deux ans à un metteur en scène prometteur qui fait preuve d’une vision artistique originale. Au Québec, elle est aussi lauréate du Prix Mois Multi 2014, du festival du même nom, qui « reconnaît la contribution artistique exceptionnelle d’un artiste du Québec aux arts multidisciplinaires et électroniques ». Ses créations ont été présentées dans plusieurs pays à l’international. Elle a terminé un doctorat à I’UQTR et est actuellement professeure à l’Université Laval, à Québec.
Sylvie Lapierre est étudiante au doctorat à l’Université Laval en Littérature, arts de la scène et de l’écran et détentrice d’une maîtrise en psychopédagogie et de certificats du programme de 2e cycle en études de la pratique artistique et en analyse du mouvement Laban/Bartenief de l’UQAM. Son intérêt pour le corps et le mouvement la conduisent à approfondir ses pratiques en Tai-chi, en danse Butoh, auprès de Denise Fujiwara et de Mario Veillette, ainsi qu’en action performative, avec Hanna Halprin, Sylvie Tourangeau et André-Éric Létourneau. En tant que thérapeute corporelle et psychothérapeute, elle maintient une pratique privée depuis plus de 20 ans. Ses pratiques actuelles en tant qu’artiste et psychothérapeute soutiennent l’importance d’appréhender toute situation dans une perspective globale. Elle participe à plusieurs expositions collectives et solos ainsi qu’à des actions performatives publiques. Le titre de son projet de thèse est L’espace immersif en recherche-création; regard sur le rapport dialogique entre art, territoire, corps et technologies immersives.